Ce n’est pas pour rien que les océans du Sud sont appelés le Grand Sud. Pip Hare a magnifiquement décrit l’ampleur de cette zone isolée dans une vidéo hier. «C’est tellement éloigné. Derrière moi, je montre l’Antarctique. Sur mon tribord, je me retrouverais à 2 500 milles de cette façon jusqu’en Argentine, et de cette façon, à l’est, la prochaine partie de terre que je toucherais est l’Australie et cela, incroyablement, fait 6 000 milles. C’est beau, incroyable. Mais quand les nuages ​​disparaissent et qu’il y a du vent et de l’humidité, votre monde se rétrécit pour n’être plus qu’un bateau et vous vous occupez de l’ici et maintenant, juste du bateau, une petite poche d’activité essayant d’accomplir une chose. Et vous perdez cette grande perspective.

Pour les dirigeants, le Cap de Bonne-Espérance est loin derrière, un lointain souvenir. Sur la proue, il n’y a que désolation au sud des îles du sud de la Nouvelle-Zélande, peut-être Campbell ou des îles Auckland. A proximité du parcours se trouvent les îles Kerguelen et plus au nord Saint-Paul et Amsterdam, des confettis lâchés sur l’immense océan. Près des Kerguelen se trouvera la Nivôse, la frégate de la Marine Nationale française qui sillonne ces eaux autour des Australes françaises, ce qui devrait, espérons-le, embarquer Kevin Escoffier de Yes We Cam ! le temps le permet.

Et l’océan Indien s’annonce difficile pour le groupe de tête puisque deux dépressions du sud ont fusionné pour former une dépression de près de 2 000 milles de diamètre, s’étendant du cap de Bonne-Espérance à l’est de l’île Heard, s’étendant des 40e rugissants jusqu’aux années 60. C’est un monstre météorologique qui va mourir puis réapparaître sous l’influence d’une nouvelle dépression.

Les leaders utilisent au mieux ce système. Charlie Dalin (Apivia) évolue par 40° Sud dans un puissant flux de secteur Sud-Ouest sur une mer encore très agitée, tandis que Louis Burton (Bureau Vallée 2) a choisi un cap plus Sud, plus « engagé » ayant une trentaine de nœuds de brise sur des vagues de six mètres, le long du 42° Sud. Leurs caps devraient converger après avoir passé l’archipel de Crozet qui se trouve à l’intérieur de la zone d’exclusion de l’Antarctique (ZEA). Par la suite les options tactiques s’ouvrent après le 51° Est, mais il est probable que les premiers solitaires ne plongeront pas aussi au sud vers les Kerguelen pour éviter le pire de ces très puissants systèmes océaniques australs.

Entre temps Sébastien Simon (ARKEA-PAPREC) qui a percuté un objet flottant non identifié qui a endommagé son foil tribord et Sam Davies (Initiatives Coeur) qui a endommagé l’encadrement de son caisson de quille en route vers le nord pour retrouver des conditions plus calmes près des côtes sud-africaines. Et Alex Thomson (HUGO BOSS) devrait arriver au Cap ce vendredi matin et annoncer officiellement sa retraite.

Et Romain Attanasio qui passe 250 milles directement au sud du parcours de son partenaire Davies pour se mettre à l’abri, couché en 12ème endroit essayant de se reposer rapporté hier soir « Je suis complètement dans la zone où Sam et Seb ont frappé leurs OFNI et c’est exactement la même zone qu’il y a quatre ans, le même endroit même latitude, même longitude c’est dans les Aiguilles courant, il y a toutes sortes de choses dans l’eau, des objets, c’est une zone qui est un peu critique. J’arrive dans une mer assez grande et je suis donc en état d’alerte maximum. J’ai les yeux rivés au maximum sur OSCAR, ce système de caméras qui surveille le parcours. On ne voit pas grand-chose dans l’eau en surface. Ce n’est donc pas facile tout cela. Je ne sais pas trop quand je sortirai de cette zone, demain je suppose. Et donc Sam se dirige vers Cape Town, une grosse déception pour elle.

Miranda Merron a dû faire face hier à une perte soudaine d’huile hydraulique dans ses vérins de quille car il s’est avéré qu’un petit joint s’était brisé. En concertation avec son partenaire Halvard Mabire, le skipper britannique a réussi à remplir le réservoir d’huile et tout va bien à nouveau à bord de Campagne de France.
« Mais je trouve qu’après l’électricité, l’hydraulique est mon autre talon d’Achille. “

Et en quatrième position, Damien Seguin a signalé un arc-en-ciel qui égayait sa nuit : « Il est 4h30 du matin. La nuit a été compliquée. J’ai dû réduire la voilure pour pouvoir me reposer et affronter toutes les variations de vent en force et en direction. Il faisait encore jusqu’à 40 nœuds avec des vagues impossibles. Le bateau souffrait, il tapait très fort. Nous avons dû ralentir. C’est ainsi que j’ai passé au moins la première partie de la nuit et les nuits sont très courtes. Il fait jour à 2h30 du matin. J’ai vu quelque chose quand il faisait noir : un arc-en-ciel la nuit ! C’est assez bizarre. Nous avons eu des passages de grains avec de la pluie, parfois même de la grêle. Soudain, comme en plein jour, il y a des phénomènes d’arc-en-ciel, de diffraction de la lumière. Là, c’était derrière moi. C’étaient des nuances de vert. Ce n’était pas de toutes les couleurs. Il est passé entre les nuages. C’était vraiment un arc complet, quelque chose d’extraordinaire. C’est la première fois que je vois ça ! “

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